Davy Tissot, le meilleur cuisinier du monde

Dans cet article, nous vous partageons les coulisses et l'incroyable parcours de ce compétiteur dans l’âme, aussi discret que talentueux, Davy Tissot.

Davy tissot le meilleur cuisinier du monde 2021 - Attribut alt par défaut.

Le 27 septembre dernier, le chef lyonnais Davy Tissot remportait le Bocuse d’Or 2021. Ce prestigieux concours international de gastronomie, équivalent des Championnats du monde ou des Jeux Olympiques en sport, nécessite des mois voire des années de préparation. Quelques semaines après son sacre, nous l’avons rencontré dans son antre, le Refuge, lieu d’entraînement de la Team France à Écully. Retour sur les coulisses et l’incroyable parcours de ce compétiteur dans l’âme, aussi discret que talentueux.

Dans quel état d’esprit êtes-vous après votre victoire au Bocuse d’Or ?

La vie continue ! J’ai enchaîné les déplacements et les représentations. Aujourd’hui Naïs prend le relais (Naïs Pirollet, 24 ans, candidate au prochain Bocuse d’Or France, NDLR). J’en suis très fier. C’est ma plus belle victoire ! À travers cette consécration au Bocuse d’Or, je souhaite avant tout contribuer à donner envie aux jeunes de s’investir et de participer au rayonnement de notre gastronomie.

Comment prépare-t-on une telle compétition ?

Comme des sportifs de haut niveau. Toute l’équipe a vécu ici, au Refuge, pendant un an et demi. Moi je rentrais car je n’habite pas très loin mais eux dormaient dans les chambres au-dessus. On se retrouvait chaque jour pour s’entraîner dans cette cuisine qui est une réplique du box dans lequel se déroule le concours. Le Bocuse d’Or se prépare comme un ultra-trail. C’est un vrai travail d’endurance. Il faut écouter son corps, ne pas s’épuiser et garder des forces pour affronter les derniers mois, plus intenses..

“Le Bocuse d’Or se prépare comme un ultra-trail.”

Être sportif à la base vous a aidé ?

C’est clair ! J’ai un préparateur physique et une salle de sport sur place. J’ai fait beaucoup de vélo, de course à pied en prenant garde à ne pas me blesser, en surveillant mon alimentation. Non seulement moi mais toute l’équipe. Nous avions aussi des séances de yoga et une coach pour la préparation psychologique.

Comment se sont déroulées les 5h30 d’épreuves non-stop le jour J ?

J’étais dans une bulle complète. Je me suis couché vers 1h pendant qu’une partie de l’équipe préparait les pesées, le matériel. Avec Arthur (Debray, commis officiel, NDLR) nous les avons rejoints à 2h30 pour prendre le relais. À partir de là, la compétition commence. On m’a dit qu’il y avait plein de monde autour du box le jour du concours. Moi je n’ai vu personne hormis le coach (le chef Yohann Chapuis) et Arthur. Quand on me montre des photos, je ne me souviens de rien, j’étais absent. Même après la remise du prix, il m’a fallu bien 20 heures pour sortir de ma bulle.

Vous êtes Meilleur Ouvrier de France, chef étoilé, vainqueur du Bocuse d’Or. Quel est votre prochain challenge ?

Je voulais faire carrière dans le sport, gagner des médailles, représenter mon drapeau, c’est dans mon ADN. J’ai transposé dans la cuisine. Gagner le Bocuse d’Or, c’est le Graal. Maintenant il faut maintenir ce niveau d’excellence. Nous sommes le pays de la gastronomie mais nous n’avons pas d’équipe junior dans les concours internationaux. Les jeunes, c’est l’avenir. Il faut les former le plus tôt possible, les préparer à représenter la France et faire rayonner sa cuisine dans le monde entier. Nous sommes avec le président de la Team France Serge Vieira sur le projet d’un centre d’Excellence soutenu par le président de la République. Nous avons marqué le premier essai, il faut désormais le transformer.